• Nucléaire, pas si propre

    LE NUCLÉAIRE est-il si écologique que le prétend ses promoteurs ? La moindre esquisse de réflexion permet de trouver un problème dans la salubrité vantée par AREVA, les politiques, et les autres. 

     

    C’est en premier lieu la question épineuse — voire corrosive — des déchets qui posent problème. En effet, enterrer (ou immerger) des déchets radioactifs est la seule « solution » trouvée par l’industrie nucléaire pour se débarrasser de ses bidons encombrants. D’abord, que sont ces déchets ? C’est simple : de tout. Les déchets contiennent tous les résidus de la fission nucléaire, et des restes de combustibles. Dans les déchets, on trouve : du césium, du strontium, du rubidium, du xénon, du krypton, de l’iode, de l’uranium, du plutonium, de l’américium, du baryum, et d’autres joyeusetés, toutes radioactives, bien sûr, et pour longtemps. Ces déchets sont en général enfouis dans d’anciennes mines, ou dans des réserves souterraines créées uniquement pour ça. À première vue, tout paraît bien. L’ennui, c’est que parfois, ces stocks ne sont pas étanches. En Allemagne, des fûts enterrés dans une ancienne mine de sel ont été progressivement attaqués par de l’eau salée, causant des fuites de matériaux radioactifs dans les eaux des sources et rivières aux alentours. De plus, les sites d’enfouissement sont souvent installés sans l’accord de la population concernée, ou dans des zones à risques. Seulement, les déchets ne sont pas la seule source d’entraves à la « propreté » du nucléaire. 

     

     L’autre importante source de pollution est l’extraction de l’uranium. À l’état naturel, l’uranium se trouve sous forme de minerais divers, comme l’uraninite, la pechblende, la sklodowskite, des polyphsphates d’uranium (torbernite), et d’autres minéraux. Étant donnée la plus ou moins importante rareté de ces minéraux, il est plus souvent extrait de roches où il est présent sous forme de traces. L’extraction de l’uranium demande de nombreuses étapes, des procédés coûteux, et des produits chimiques dangereux, et nombreux. La technique « conventionnelle » d’extraction (lixiviation) rejette dans l’environnement, avec plus ou moins de traitements — plus souvent moins que plus), des eaux polluées par les différents produits utilisés (déjà nocifs avant utilisation, et radioactifs après —, les boues des traitements des minerais par ces mêmes produits (radioactives elles aussi), et toutes les roches extraites et non traitées, que l’on entasse à l’air libre. Ainsi, elles peuvent disséminer leurs poussières radioactives et leur radon au gré des vents, causant une irradiation continue et durable de l’environnement. Ajoutez à cela, pour les pays pauvres où se trouvent de nombreuses mines d’uranium (Niger, Kazakhstan, Namibie, …), les conditions de travail des ouvriers, et des populations aux alentours, vivant ou travaillant sans aucune protection envers le danger qui les fait vivre — dans un premier temps — pour que des panneaux de pub restent allumés toutes les nuits aux USA ou en Europe. Le pied. Au Niger, les déchets sont même réutilisés pour les construc-tions, les objets de la vie courante, et même la vaisselle. AREVA et la COGEMA prétendent qu’ils font tout pour protéger les populations, mais la réalité est différente. Mineur à 16 ans, cancer à 25 ans, mort à 30 ans. Pendant qu’elles exploitent un pays, ses ressources, et sa population, ces mêmes entreprises en profitent pour faire des bénéfices monstrueux, et pour vanter l’irréprochable salubrité d’une énergie propre qui ne rejette pas de gaz à effets de serre… 

     

      Cependant, l’exploitation des mines ne se fait pas qu’à la charrue et en vélo. De nombreuses techniques utilisées sont très demandeuses d’énergie, et pas seulement électrique. Heureusement pour eux, le pétrole n’est pas cher non plus en Afrique.  

     

     Ainsi on voit que l’argument principal des promoteurs du nucléaire s’effondre dès que l’on ouvre les yeux, et qu’on réfléchit un peu. Le nucléaire est propre, tant qu’on ne regarde pas ailleurs que chez soi. C’est vrai, quoi, une ampoule allumée ne produit pas de déchets radioactifs, non ? Mais dès qu’on regarde toute la chaîne de production d’électricité, ça fait mal.

     

      À l’argument souvent répété qui dit que l’on ne peut pas se passer du nucléaire sans « revenir à la bougie », il y a une réponse simple pour le démonter. L’Autriche fonctionne entièrement sans nucléaire, et n’utilise aucune électricité produite par le nucléaire. L’énergie nucléaire est purement et simplement bannie par la constitution du pays. Et ils s’en sortent plutôt bien : la majorité de l’électricité du pays est produite par l’énergie solaire. L’Autriche n’étant ni arriérée, ni affaiblie par cette absence atomique, ce pays pourrait être un exemple à suivre. L’Allemagne a pris d’ores et déjà ce chemin, en établissant un plan de sortie totale et définitive du nucléaire avant 2020. Et en France, (rires), rien…

     

    Bonus !

     

     Et Fukushima, c’est fini ?

     

     Non. Et pas du tout. Le 19 mai, TEPCO, l’entreprise qui « gère » la centrale a reconnu que les réacteurs 1, 2, et 3 de la centrale avaient fondu seulement quelques heures après le tsunami. Il leur a tout de même fallu plus de deux mois pour l’avouer. De plus, les réacteurs ne sont toujours pas refroidis, et nécessitent toujours un arrosage permanent, dont l’eau, contaminée après usage, doit être traitée. Ainsi, dans la centrale, environ 100 000 mètres cube d’eau attendent patiemment d’être décontaminés Bref, la fin n’est pas encore en vue…

     

                                    Loïs Martinek

     

    Mine à ciel ouvert au Canada 

     

     

     

    Mine d'uranium à Arlit au Niger 



     

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